vendredi 28 octobre 2011

Première découverte de la Martinique et Sainte-Lucie avec Sybille


Traversée rapide des 50 milles du chenal Dominique-Martinique (9 noeuds de moyenne tout de même) et arrivée à Saint Pierre au pied de la Montagne-Pelée qui nous avait fait l’honneur de se découvrir de ces nuages permanents pour l’occasion ! 

Pour ceux que ça intéresse, la Montagne-Pelée est un volcan encore en activité, doté d’une histoire meurtrière et destructrice : Le 8 mai 1902, une grosse éruption a détruit entièrement la ville de Saint-Pierre, faisant environ 26 000 morts. Il y eut deux survivants, Louis-Auguste Cyparis, un prisonnier sauvé par l'épaisseur des murs de son cachot, et Léon Compère-Léandre, un cordonnier qui vivait à la périphérie de la ville. Aujourd'hui reconstruite, Saint-Pierre est une petite cité de 5 000 habitants, tranquille et ensoleillée. (pour plus d'infos: cliquez ici)
Pour nous, ce fut surtout notre première rencontre avec la Martinique et les Martiniquais. "Cool", là encore, au risque de me répéter, est sans doute le mot qui les désigne le mieux. 

Plus j’y pense, plus je me dis que c’est d’ailleurs le mot qui sied le mieux à toutes les populations des petites Antilles que nous avons rencontrées, excepté sur la route, où tous sans exception, démontrent une folie étonnante même pour un conducteur parisien !! Ce qualificatif convient également parfaitement aux guadeloupéens que j’ai eu l’honneur de rencontrer, n’en déplaise aux nombreuses personnes qui m’ont affirmé qu’ils étaient racistes envers les blancs et particulièrement désagréables. Tout au contraire, votre serviteur n’a jamais rencontré autant de personnes accueillantes, toujours prête à l’aider dans ses petites mésaventures. 
Par exemple : il me manque 50 centimes d’euro pour acheter un médicament, ce n’est pas grave, le pharmacien sort son portefeuille et complète de sa poche !! Ou encore : Léo et moi, perdus dans la cambrousse, sur un mauvais chemin de pierre, nous constatons un gros voyant rouge allumé au milieu du tableau de bord signalant une montée en chaleur du moteur !!! J’ouvre le capot, ai l’imbécilité de vouloir vérifier le niveau de liquide de refroidissement : celui-ci gicle dans tous les sens, recouvrant l’ensemble du moteur, la face avant de notre voiture et votre serviteur, d’un liquide brunâtre peu engageant… Et là, chaque véhicule qui nous a croisés -3 en vérité- s’est arrêté pour nous proposer de l’aide, et nous offrir des bouteilles d’eau en guise de liquide de refroidissement. Léo et moi sommes finalement allés frapper à la porte de la maison voisine, où le propriétaire, également propriétaire de poneys au grand bonheur de Léo, nous a donné un bidon de 5 litres en refusant toute compensation, simplement avec cette petite phrase : « il est normal de s’entraider ». La voiture est repartie et le voyant rouge s’est éteint. Ô bonheur suprême ! Je pourrais multiplier ainsi les exemples mais stop à la digression. De l’aventure, en revoilà !!!

Nous sommes repartis assez vite de Saint-Pierre vers la baie du Marin (une trentaine de milles marins contre vents et marées) où nous avions rendez-vous avec l’excellente Sybille, « Syb » pour les intimes, amie de Cerise depuis toujours.
Les retrouvailles ont été bonnes et heureuses. 

Nous avons quitté le Marin dès le lendemain de l'arrivée de Sybille pour découvrir la belle île de Sainte-Lucie. 
Pour la petite histoire, Sainte-Lucie fut l’enjeu d'une lutte acharnée entre Anglais et Français (notamment pour ses sources d'eau douce rares dans les Caraïbes), et est surnommée l' «Hélène de l'ouest» (the Helen of the West) par analogie avec Hélène de Troie (l'Hélène de l'est), qui fut dans l'Antiquité l'enjeu d'une lutte acharnée entre les différents princes grecs et troyens. Pour ceux que ça intéresse, c’est aussi, depuis février 2010, l’un des Etats inscrit sur la liste noire des paradis fiscaux non coopératifs par la France!

Pour nous, Sainte-Lucie, ce fut d’abord Rodney Bay, avec sa grande et belle plage accueillante, sa marina tellement british avec son joli gazon : un autre univers !

Difficile d’imaginer que l’île que nous devinons en face est la Martinique, tellement française. On s’assoit à une terrasse pour profiter du breakfast à l’anglaise. Des muffins et autres pâtisseries anglaises s’offrent à nos yeux avides, des pubs en tous genres s’animent au fur et à mesure de la journée. So british !!
Ensuite, c’est une lente descente le long de la cote sous le vent, sans houle et sans vent sauf par rafale, donc essentiellement au moteur. 

Arrivée dans l’enchanteresse Marigot Bay, minuscule baie ultra protégée, quasi-fermée par une langue de sable couverte de cocotiers. La «carte postale» comme se plaisent à répéter nos guides. C’est en tout cas bien agréable de diner sur notre «terrasse», le soleil se couchant à l’horizon derrière l’ombre des cocotiers. La vie est belle !!
Après ballade sur la plage et baignade, nous continuons notre lente descente à la voile et à moteur vers Soufrière Bay, une majestueuse baie surplombée par deux pitons rocheux qui plongent directement dans la mer depuis leurs 800 mètres de haut. 

Après de rudes négociations avec l’un des boys boat qui nous a aidé à prendre une bouée pour la nuit, celui-ci nous emmène à terre le lendemain pour que l’un de ces potes nous trimballe dans son taxi, admirer les 3 merveilles du coin, à savoir: le cratère encore en activité de la Soufrière, les sources d’eau chaude et le jardin botanique.
La visite du volcan est un délice pour les narines, une douce odeur d’œuf pourri envahit l’atmosphère ; le spectacle est des plus réjouissants, de nombreux petits geysers de boue noire/marron pullulent dans le fond du cratère et dégagent une fumée blanchâtre!! Plus bas, là encore, le spectacle est incroyable, de gros touristes (et moins gros) se vautrent dans une marre de boue issue du volcan !! L’explication est simple, les vertus épidermiques seraient excellentes! Votre serviteur hésite un instant, mais la vision de ces corps gras et luisants dans la boue me fait vite rebrousser chemin… d’ailleurs je n’ai pas de problème de peau !! 

Nous retournons vite dans le van, de Louis qui nous conduit cette fois aux sources chaudes. Une très jolie promenade de 5-10 minutes et nous voici tous les quatre au pied d’une mini-cascade qui tombe dans une petite piscine de béton. Heureusement, nous sommes seuls au monde, dans ce lieu qui semble prêt à accueillir des foules de touristes. Léo et moi nous baignons sous la cascade sous les regards de nos deux dames.  Très très agréable et surprenant, une douche (autrefois) naturelle avec la possibilité de régler sa température en se déplaçant sous la cascade!! Nous comprenons notre chance d’avoir eu un instant ces moments privilégiés en croisant une horde de touristes sur le chemin du retour, pas loin de 30 personnes vont s’amasser dans ce petit coin de béton au milieu de la forêt!!

Nous repartons, la faim au ventre vers notre dernière aventure de la journée: le Jardin botanique. 

L’endroit est charmant, mais nous filons à toute vitesse vers la cahute café qui fait en principe restauration rapide selon les dires de notre chauffeur. Horreur!! Un bus entier de touristes américain a mangé jusqu’au dernier sandwich ne laissant derrière eux que quelques chips sur lesquelles nous nous jetons avidement au grand plaisir de notre Léo !!
Repus de chips et de glace, nous arpentons tranquillement ce jardin qui se révèle assez extraordinaire, très contrasté, avec un petit jardin japonais qui nous propulse pour quelques minutes au pays du soleil levant, une petite rivière couverte de nénuphars, des cocotiers, et des centaines d’espèces de plantes et de fleurs tropicales au milieu desquels nous nous perdons, apaisés.
Retour à bord, nous quittons notre bouée pour une autre, dans une baie plus au sud, bordée de chaque côté par un majestueux piton. Le spectacle est époustouflant. Au pied, une plage sur laquelle nous abordons. Et là, un bar, que dis-je, un rêve de bar, peuplé de hamacs, de chaises en osier, proposant de merveilleux cocktails aux noms fascinants. Nous sommes bien!
Nous rejoignons le bord de Balboa tard dans la nuit, le sourire aux lèvres, jusqu’à ce que je réalise que notre annexe est crevée!!! Je passe donc la fin de soirée à retirer le moteur et sortir l’annexe de l’eau pour la déposer sur le filet, sympa!! C’est ce soir-là que j’ai compris l’expression : tout se paye en ce bas monde!!
La fin du séjour de notre Sybille approche et nous devons retourner la déposer en Martinique. Cap vers le nord! Nous remontons au près très serré jusqu’à Rodney Bay.
Au cours de cette journée, je parviens, ô bonheur, à réparer l’annexe!! La grosse rustine tiens-bon!! Je suis fier comme un menhir!
Le lendemain matin nous pouvons donc quitter le bateau au mouillage pour se rendre à la marina de Rodney Bay, faire les papiers de sortie du territoire et surtout prendre notre fameux Breakfast! La vie est belle, nous profitons du lieu une journée de plus avant de filer vers la Martinique pour déposer la Syb. A plus et merci la Syb d’être venue partager notre petite vie !! (pour voir toutes les photos de l'album: c'est ici)