lundi 2 mai 2011

L'Atlantique

Wouaw ! Depuis le temps que l’on en rêve, depuis le temps que l’on en parle !!! Ca y est, nous sommes à 2 jours du grand départ.

Tout doit être vérifié : le gréement, le moteur, les fonds de cale, et surtout, le plus important, la bouffe et les boissons !!


Nous avons passé deux jours à compléter l’avitaillement que nous avions fait aux Canaries. Il faut dire que ce n’est pas évident au Cap Vert, il y a de très nombreuses superettes mais le nombre de produits dans chacun d’eux, surtout de produits frais est relativement limité. Il faut donc prendre des œufs dans l’un, du poulet dans l’autre, des légumes dans un troisième, des fruits dans un cinquième, des bouteilles d’eau dans un sixième et du fromage dans un septième !! 
En plus, nous sommes pressés par le temps et surtout par le skipper d'un autre catamaran, Mister Pierre, avec qui nous voulons partir. Nous lui avons en effet promis d’être prêts et de larguer les amarres le 4 janvier 2011 au matin. Une véritable course contre la montre! En plus, l’avion de Karina et Jean, qui nous rejoignent pour la traversée, a du retard. Ils n’arrivent finalement que le 3 janvier au matin. 
La dernière nuit a été longue et le sommeil très court mais le bateau est prêt dans les temps. Et nous ? Sommes-nous prêts à affronter une vingtaine de jours de mer ?? Difficile à dire tant que l’on n’y est pas. 
Ca y est !! L’émotion bat son plein !

 
Honneur au premier prêt, nous aidons au départ de Visiteur, le Lagoon 440, catamaran de 13,61 mètres avec à son bord Véro, Pierre et quatre équipiers embarqués pour la traversée. Rendez-vous est pris pour un apéro bord à bord au milieu de l’Atlantique!


Nous larguons les amarres de Balboa quelques secondes plus tard. 

Film du départ en direct des visiteurs, puis de Balboa :

La grand-voile est envoyée, le génois suit. Le sourire est scotché au visage de l’équipage, nous avons du mal à y croire, nous sommes partis pour traverser l’océan Atlantique. 2300 milles d’eau sans aucune terre !! Soit un peu plus de 19 jours à une moyenne correcte de 5 nœuds !!


Agrandir le plan
Visiteur est devant nous et envoie son gennaker. Nous suivons… Le vent gonfle nos voiles et Balboa commence à filer. Visiteur choisit une route qui le mène vers San Antao tandis que nous piquons le plus au sud possible. Notre choix paye et Visiteur s’éloigne dans notre sillage quelques heures à peine après notre départ (désolé Pierrot !!!). Le rendez-vous apéro semble déjà compromis !!

Nous croisons à 8-9 nœuds sous GV + gennaker tandis que notre premier coucher de soleil nous accueille. Grandiose !! Nous sommes seuls au monde. 

Les quarts s’organisent : Cerise prendra le premier quart 18h-21h, suivi de Jonathan 21h-0h, Jean 0h-3h, Karina 3h-6h, Cerise 6h-9h, Jo 9h-12h, Jean 12h-16h, Karina 16h-18h, Cerise18h-21h, etc. Les quarts s’enchaînent et ne se ressemblent pas. Balboa file ainsi pendant la première semaine à des moyennes supérieures à 8 nœuds. Que du bon !


Le moral est au beau fixe, le soleil nous accompagne et le bateau passe bien dans la grosse houle de secteur nord qui nous ballote. 
Il est assez difficile de décrire, et plus encore d’imaginer ces moments-là.
 
En vidéo, hommage aux BoneyM oblige, ça donne ça : 
Des journées de lectures, de discussions tranquilles, de contemplation du ciel et de la mer. Des soirées à siroter le fameux punch de Karina à contempler le soleil qui s’embrase en rejoignant l’horizon. Des nuits à la barre, seul au milieu de l’océan, sous une lune qui se cache et réapparaît entre les nuages. Seul le bruit de l’eau sur la coque, parfois une gymnopédie de Satie dans l’oreille, tandis que le bateau s’enfonce toujours d’avantage dans cet océan infini. Que dire ??

A la fin de la première semaine, le vent, la mer et surtout les grains se sont durcis. 

La fatigue a commencé à se faire sentir et les premiers empannages incontrôlés sont venus rythmer la nuit du capitaine. Le Spinnaker qui nous a tant poussés la première semaine est rentré au bercail. Cerise subit de plein fouet le mal de mer et n’arrive plus à faire ses quarts. Elle quitte de moins en moins sa cabine et s’impatiente de l’arrivée. 
Nous n’avons pourtant fait que la moitié de la route qui nous sépare des Antilles !! Les quarts sont réorganisés, Cerise est hors quart, Karina, Jean et Jo font désormais des quarts de 4h : Jo 18h-1h, Jean 1h-5h (le plus dur !), Karina 5h-9h, Jo 9h-13h, Jean 13h-18h, etc. Les grains se font de plus en plus durs au fur et à mesure, jusqu’à atteindre 35-40 nœuds dans les rafales avec de très fortes pluies qui balayent le pont et fouettent les visages. Balboa poursuit sa route plus lentement avec 2 riz dans la grand-voile et 4 tours dans le foc. Les grains sont tellement violents qu’une, puis deux, bosses de riz explosent littéralement. Mais l’équipage ne se laisse pas démonter et le moral est toujours au plus haut. 
Les jours s’enchainent et déjà nous approchons de l’arrivée.
 
Et quelle arrivée !!! Nous arrivons en vue de Marie-Galante après 13 jours de navigation. Nous dépassons Marie Galante à 10-12 nœuds et arrivons aux portes des Saintes moins d’une heure après. 
En vidéo, ça donne ça: 



Le soleil revient pour nous accueillir ; Charles et Grand Sau nous font des grands signes sur la plage, nous sommes les plus heureux du monde !!! Cerise dira que rien que l’arrivée vaut les 13 jours de traversée !! 

Le spectacle est merveilleux : plage de sable fin, palmiers, petit quai qui se perd dans l’eau turquoise et restaurants !! 
Grand Sau nage vers Balboa pour nous accueillir. Avant même que nous ayons fini de mouiller (mettre l’ancre), Jean-Seb se jette à l’eau pour rejoindre Charles resté sur la plage.
 
Grand Sau et Jean s’approchent l’un de l’autre. Leurs mains se croisent, ça y est ! Nous l’avons fait !!! Nous avons traversé l’Atlantique à la voile !!! Les autochtones nous accueillent dans la joie et l’allégresse.

Nous sommes fiers comme des coqs, même pô fatigués… une seule envie, faire la fête, boire des apéros, dîner au resto !! Du bonheur, encore du bonheur ! 
Merci au vent, à la mer et à Balboa de nous avoir menés si bien jusqu’au pays des merveilles.
Conclusion, en vidéo: 
(pour voir notre album: cliquez ici)

Prochain épisode : Léo, Cerise, Jo et Balboa aux petites Antilles.

dimanche 1 mai 2011

Le Cap Vert

« Soyez très prudent, danger nécessitant une très forte vigilance. Effets modérés ou assez forts », le bureau de sécurité sociale fermé pour intempéries... oui, nous sommes en alerte orange en Martinique depuis quelques jours !! 
Mais malgré ces trois jours de pluie diluvienne, nous sommes toujours là pour vous raconter nos aventures et d’abord : le CAP VERT !
 
Et oui, nous n'y sommes plus! Mais comment passer sous silence ce "petit pays" du bout du monde (comme le chante si bien Cesaria Evora) ?
 
Le Cap Vert, c'est une musique fascinante, des couleurs et de la vie.
Nous vous avions laissés sur le bord d'une plage de rêve, Santa Maria.

Après une courte traversée, nous arrivons de nuit à Boa Vista. Mouillage rouleur, nous sommes à quelques mètres de la barre où vient se fracasser violemment la houle. 

Au petit matin, le spectacle est grandiose. Le surnom de "petit morceau de Sahara à la dérive de l'océan Atlantique" n'est pas usurpé. Des dunes de sables géantes se dressent à perte de vue. Nous débarquons sur un petit ilot désert. La vie est belle. Léo court sur le sable, Cerise se perd dans la contemplation de la pointe de sable. Tout est bien! 
 
 
Aventuriers jusqu'au bout, nous louons un 4X4 (mot répété inlassablement avec un sourire de béatitude par notre petit bonhomme) et partons découvrir l'ile.


Des villages, des dunes de sables à perte de vue, des déserts de rocailles, des sentiers non battus, des plages vierges aux rouleaux destructeurs, nous en perdons la tête et le sens de l'orientation. 

Oui, vraiment! sur ce petit banc de sable et de roche de quelques kilomètres de long et de large, votre serviteur, prétendument grand navigateur, est parvenu à se perdre avec sa petite famille! 


Rassurez-vous, après avoir tourné et retourné en rond pendant de très très longues minutes, nous avons pu rejoindre un semblant de piste et avons pu retrouver un semblant de civilisation, à savoir un petit hameau de quelques maisons où, bonheur, un bar tout droit sorti d'un western de Sergio Leone acceptait de nous servir une bière et une bouteille d'eau.

Requinqués, nous sommes parvenus à retourner dans la petite ville de Sal Rei où nous avons pu rendre notre 4x4 et nous remettre de nos émotions. Coucher de soleil "de toute beauté" dans un bar lounge, l'équipage de Balboa 2 a retrouvé le bord fatigué, mais heureux.
 
 
Pressés par le temps, nous avons décidé de traverser d'une seule traite les 135 milles qui nous séparaient de Sao Vicente. 

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La traversée fut épique. L'erreur du Capitaine a été de croire que les îles permettraient de s'abriter de la houle et de bénéficier ainsi d'une navigation de nuit "plus calme" pour parvenir à Mindelo au petit jour. Erreur!! Nous n'avons jamais rencontré d'effet "venturi" aussi violent qu'au Cap Vert! Sur le bord de chaque île, la force du vent est multipliée par 2 ou 3, la mer se lève en une fraction de seconde et les rafales nous ont malmenés tout au long de cette très longue nuit de nave. Fatigués, mais saufs, nous sommes arrivés à Mindelo, berceau de Cesaria Evora, et nous avons eu l'honneur d'accueillir le Pap en personne (pas celui de Rome, mais celui de Saint-Loup-sur-Thouet) et sa tendre, Sophie. 

Réjouissance, bon(s) vin(s), réjouissance, bon(s) vin(s), et voilà déjà Noël!! Nous avons l'immense plaisir d'y retrouver Pierre et Véro, les Visiteurs, pour cette soirée mémorable qui commence dans une église à écouter des chants religieux et se termine au petit matin aux cris des braillards.

Deux jours plus tard, nous avons l'immense plaisir, d'accueillir les deux ptits frangins, le Grand Sau et sa belle, Pascale. Réjouisance!! Nous partons dès le lendemain visiter l'Ile de San Antao en laissant notre Balboa au mouillage. 

D'origine volcanique, c'est une île à très fort relief composée de vallées profondes et de sommets escarpés. D'une beauté à couper le souffle, elle se caractérise par deux versants de climats radicalement opposés. Le Sud est sec et aride, tandis que le Nord est humide, et composé de plantes et d'arbres en tout genre. 

Nous étions les organisateurs, autant dire que rien n'était organisé! Nous avons débarqué, négocié pour trouver un aluguer (taxi commun), visiter moultes pensions qui convenaient à tous et à personne (difficile de choisir à 9!!). De quoi en perdre un sac, (le nôtre forcément) qui selon toute vraisemblance, aurait été laissé sur le parking après recherche des clés de notre chauffeur. Dîner fabuleux avec un groupe cap verdien auquel se joint bientôt Cerise à la guitare, puis Yann au Jumbee. Que du bon!

Le lendemain, toute la troupe part à la découverte d'un cratère et entreprend sa descente (700 mètres de dénivelé), en tongues pour ceux qui se sont fait voler leur sac. Descente dans le brouillard, sur une piste-escalier très humide. 

Tout le monde parvient sain et sauf, au pied du cratère, et se requinque à coût de rhum à 55 degrés et d’une fabuleuse omelette très très locale. Encore du bonheur !

Nous repartons avec notre chauffeur et une famille de locaux, dont un papa du coin bien éméché, pour rejoindre, après moultes virages, traversées de rivières et pentes ardues, « the hotel » ! Officiellement le plus luxueux de l’île (rassurez-vous, ça reste encore assez roots) ! 
Le soir, Pap et Grand Sau se tirant la bourre pour nous offrir ce qu’il y a de mieux, nous dînons de homards et autres merveilles bien arrosées, accompagnés par un groupe de musiciens cap verdiens. Nous dansons jusqu’au milieu de la nuit, les serveuses et leur joli déhanché se joignent à nous… c’est la fiesta des Rouxel-Bartillat !

Le lendemain, l’ambiance est toujours bonne. Nous décidons de rentrer coûte que coûte à Sao Vicente, malgré l’absence de Ferry, afin de profiter un peu de Balboa avant le départ de Pap et sa belle. 
C’est donc en bateau de pêche, réquisitionné par la familia, que nous décidons de rentrer. L’appareillage est des plus grandioses : ballotés par la houle, des vieux et beaucoup moins vieux (Léo reste le plus jeune) transbahutent du bateau au quai, puis du quai au bateau par le biais d’une veille échelle pourrie. Il semble que tout le monde soit finalement parvenu à bord et la troupe, vidant les réserves de bières du pêcheur, a pu traverser le remuant canal qui sépare San Antao de Sao Vicente et rejoindre le bord de Balboa.

Le fier équipage de Balboa appareille au petit matin après une courte nuit et file à 8-9 nœuds vers Santa Lucia la belle et désertique île. Le vent souffle en rafales et les vagues éclatent violemment sur le rivage. Mais il en faut plus pour décourager l’équipage qui, après un excellent repas, brave les rouleaux et débarque sur l’immense plage !
Foot, recherche de langoustes et balades sont au programme. C’est beau et c’est encore très très bon !
Après un difficile conciliabule, Balboa part le soir même pour rejoindre le port de Mindelo afin de pouvoir déposer le Pap et Sophie dans les temps. La nuit est sombre, le vent souffle, mais l’équipage s’accroche et parvient quelques heures plus tard à rejoindre son mouillage abrité.
C’est l’heure des premiers départs. Amputés du Pap et de sa belle, l’équipage prépare le 1er de l’an. Au programme : bouffe, boisson, balade dans la ville très animée, recherche infructueuse d’une boîte et c’est finalement à bord de Visiteur, le bateau de Pierre et Véro que nous commençons, bien éméchés, l’année 2011. Ça promet !!

La Rouxy family s’envole à son tour en emportant avec elle notre petit Léo. Emotion…
Il ne nous reste plus qu’à préparer Balboa pour le grand départ, la Grande traversée, la fameuse épopée, et ça, c’est pour le prochain message !!! (pour voir notre album photos de Cap Vert cliquez ici)